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LA CROISADE DES BARONS

LA CROISADE DES BARONS

La croisade dite « des Barons » est la première des deux étapes de la croisade contre les Albigeois lancée par l’Église romaine pour anéantir l’hérésie cathare qui se développe dans le Midi de la France.

L’APPEL D’INNOCENT III

Le 28 mai 1204, le pape Innocent III, déçu par les résultats des missions de prédication qu’il a encouragées contre les cathares, interpelle en vain le roi de France Philippe Auguste. Le 14 janvier 1208, l’assassinat du moine cistercien de Fontfroide et légat du pape, Pierre de Castelnau, non loin de Saint-Gilles-du-Gard, détermine le pape à prêcher la croisade. Il désigne le comte de Toulouse Raimond VI comme instigateur du crime et appelle à la Guerre sainte le roi de France et les barons du royaume. D’abord réticent et refusant de s’engager personnellement, Philippe Auguste finit par accorder à un certain nombre de ses vassaux l’autorisation de prendre la croix. L’occasion rêvée finalement pour le roi de France d’étendre son pouvoir aux comtés indépendants du sud et de se frayer un accès direct à la Méditerranée.

STRATÉGIE DE LA TERREUR

Au printemps 1209, l’armée croisée s’ébranle vers le sud, empruntant la vallée du Rhône, avec à sa tête le légat pontifical Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux. L’armée croisée parvient sous les murs de Béziers le 21 juillet 1209. L’assaut est donné le 22 juillet, et le soir même, la ville n’est plus que ruines et cendres. Le massacre de Béziers est destiné à semer la terreur et à dissuader les cités voisines d’opposer toute résistance. Une stratégie qui porte ses fruits. Assiégée par les croisés le soir du 1er août, Carcassonne capitule au bout de quinze jours. Le vicomte Raimond-Roger Trencavel est emprisonné dans le château comtal jusqu’à sa mort le 10 novembre.

SIMON DE MONTFORT, CHEF DES ARMÉES CROISÉES

Choisi pour devenir vicomte de Carcassonne, Simon, seigneur de Montfort et d’Épernon, comte de Leicester, entreprend la conquête des domaines qui lui ont été concédés. Dans le pays qui, dans un premier temps, tombe rapidement sous la domination des croisés, un château devient le symbole de la résistance armée : le château de Cabaret (actuelle commune de Lastours). Toutefois, la résistance s’organise et les attaques contre les garnisons mises en place par les croisés se multiplient. À l’entrée de l’hiver 1209, Montfort a perdu plus de quarante places fortes. L’hiver interrompt les combats. En mars 1210, un nouveau contingent de croisés vient en Languedoc renforcer les troupes de Simon de Montfort. L’armée peut passer de nouveau à l’offensive. Après la prise de Minerve le 22 juillet 1210, les redditions se précipitent. C’est au tour de Termes d’être assiégé. Le siège dure neuf mois, les défenseurs résistent avec vaillance mais la dysenterie a raison d’eux. Le retentissement de la prise de Termes frappe les esprits, tout autant que l’avait fait la prise de Minerve. À la fin de l’année 1210, Simon de Montfort a étendu ses conquêtes très loin au sud de Carcassonne et s’est rendu maître des plus importants bastions de résistance, à l’exception toutefois de Cabaret.

MOURIR POUR TOULOUSE

En février 1211, après l’excommunication de Raymond VI, Simon de Montfort est en droit de confisquer le comté de Toulouse. En juin, les croisés font le siège de la ville de Toulouse. Mais devant le nombre et la combativité des défenseurs, Montfort préfère se retirer et lance un raid vers Cahors et Rocamadour. Le camp adverse profite de ce départ et mobilise ses forces pour lancer une contre-offensive qui échoue. Le 12 septembre 1213, les croisés affrontent à Muret les troupes de Pierre II, roi d’Aragon, venu au secours de son vassal Raymond VI. Simon de Montfort l’emporte. Le roi d’Aragon trouve la mort au cours du combat. Le 30 novembre 1215, le quatrième concile du Latran prononce la déchéance de Raimond VI au profit de Simon de Montfort, à l’exclusion des terres provençales qui restent possession de Raimond le jeune.

En avril 1216, le roi de France reçoit l’hommage de Simon de Montfort pour le comté de Toulouse. De 1217 à 1224, Raimond VI et son fils entreprennent la reconquête de leurs terres. En septembre 1217, ils reprennent possession de Toulouse. C’est en faisant le siège de cette ville que Simon de Montfort trouve la mort en juin 1218.