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LE CHÂTEAU DE PEYREPERTUSE

Voici sans doute la plus spectaculaire et la plus éloquente des citadelles du vertige ! Majestueux vaisseau de pierre perché à près de 800 m d’altitude, épousant les lignes d’une longue crête calcaire, dominant les reliefs à des kilomètres à la ronde et jusqu’à la mer Méditerranée, le château de Peyrepertuse s’impose comme l’un des maillons essentiels du réseau de défense initié au XIIIe siècle pour affirmer la puissance du royaume de France. Le site se trouve sur la commune de Duilhac-sous-Peyrepertuse.

SITUATION PAYSAGÈRE ACTUELLE

Situé au sud du département de l’Aude, à proximité immédiate du Roussillon, l’ensemble fortifié de Peyrepertuse se dresse à l’extrême sud des Corbières méridionales, entre les Hautes-Corbières au nord et le Fenouillèdes au sud. Maillon essentiel du réseau de défense contre l’Aragon, il surveillait l’accès au Languedoc par la plaine du littoral et permettait ainsi de contrôler l’espace limitrophe au col de Brézou. Tout comme son homologue Quéribus, Peyrepertuse est implanté au sein d’un territoire caractérisé par la diversité de ses paysages, entre barrières rocheuses calcaires, vallée viticole, pâturages, garrigue et forêts méditerranéennes. Les plaines environnantes sont arrosées essentiellement par le Verdouble et quelques ruisseaux intermittents. Le site s’inscrit dans une région de plis et de chevauchements géologiques qui ont produit avec le temps des formes et des reliefs spectaculaires, parfois ponctués de cavités, et sans doute à l’origine du nom de Peyrepertuse, qui signifie « pierre percée ».

De dimension remarquable (300 m de long sur 50 m de large), la forteresse s’étire le long d’une crête calcaire qui s’élève à des hauteurs impressionnantes : entre 600 m d’altitude à l’est et jusqu’à 850 m au point le plus haut à l’ouest. Surmontant des falaises de 30 à 40 m, elle domine les villages de Duilhac-sous-Peyrepertuse au sud-est et de Rouffiac-des-Corbières au nord-est et permet d’embrasser les paysages grandioses des Corbières. Un panorama à 360° qui porte au delà jusqu’au Fenouillèdes, à la plaine du Roussillon et à la Méditerranée.

Si le château de Peyrepertuse est exceptionnel par sa taille et sa forme, étalé le long de son éperon, l’aspect visuel le plus remarquable vient de son intégration dans le rocher. Sa forme épouse littéralement le socle sur lequel il est posé, faisant du château le prolongement naturel de la crête qu’il couronne. Le château se confondant avec la roche, seule sa silhouette le distingue depuis les points de vue lointains.

HISTOIRE

Dominant les reliefs jusqu’à la mer Méditerranée, la crête vertigineuse de Peyrepertuse a vu se succéder de nombreux prétendants. Mais c’est au roi de France Saint Louis que l’on doit aujourd’hui ce gigantesque vaisseau de pierre, sans doute la plus impressionnante des forteresses des Corbières.

LES ORIGINES

Si l’on relève des traces de présence humaine dans les plaines et reliefs environnants dès le néolithique, l’occupation du site même de Peyrepertuse n’est attestée qu’à partir de la période gallo-romaine (Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle apr. J.-C.) avec la découverte, en contrebas du plateau sommital, de fragments d’amphores et de meules en basalte.

Il faut attendre 842 pour qu’apparaisse dans les textes la mention d’un pagus Petrepertuse. Appellation qui permet de penser que Peyrepertuse joue alors un rôle administratif et militaire sur le territoire environnant, sans qu’on puisse en apprécier la nature et l’importance. Le premier témoignage de la présence d’un ensemble défensif sur la falaise remonte au 13 octobre 1020, date de la signature du testament de Bernard Taillefer, comte de Besalù. Le château de Peyrepertuse (castello dicunt Perapertusa) y est cité parmi les nombreuses possessions qu’il lègue à son fils, aux côtés du château de Quéribus et du puy d’Aguilar.

UN TERRITOIRE SOUS INFLUENCES

L’histoire de Peyrepertuse s’inscrit dès lors dans un contexte politique mouvementé, marqué par des jeux d’alliance multiples et la complexité de l’administration féodale. Passé sous la tutelle du vicomte de Narbonne puis dans l’orbite du comté de Barcelone, le château est administré par une puissante lignée de seigneurs qui apparaît au tout début du XIe siècle. Au début du XIIe siècle, le site forme un véritable Castrum, comprenant un ouvrage défensif, une église et une communauté de villageois. Lors de la croisade des Barons, à la suite de la prise du château de Montgaillard, non loin de Tuchan, Guillaume de Peyrepertuse fait sa soumission à Simon de Montfort, chef des croisés. En 1226, après la croisade royale, le roi Louis VIII donne en fief la vicomté de Fenouillèdes et de Peyrepertuse à Nunyo Sanche, comte de Roussillon. Ce dernier vend en 1239 le château de Peyrepertuse au roi de France, Louis IX (Saint Louis), pour la somme de 20 000 sous melgoriens. Si le roi de France a ainsi assuré (d’abord par serment vassalique puis par achat) sa domination sur le Pérapertusès, il n’en a pas pour autant acquis la fidélité du seigneur du lieu. En effet, Guillaume de Peyrepertuse s’est révolté à deux reprises contre le roi (en 1229 puis en 1240) et, vaincu par deux fois, a dû se soumettre.

AVIS DE CHANTIER

Pour affirmer son pouvoir sur ce territoire particulièrement instable, convoité notamment par la couronne d’Aragon, Saint Louis entreprend une gigantesque campagne de rénovation et d’agrandissement de la forteresse. Ce chantier s’annonce dès 1242, par la commande du roi au sénéchal de Carcassonne de « faire construire un escalier avec le plus de commodité possible et au moindre prix » pour rallier le roc supérieur de Sant-Jordi, encore vierge de toute construction. Si la restructuration de l’enceinte basse et du « donjon vieux » interviennent probablement avant l’édification du nouveau Donjon de Sant-Jordi, afin d’offrir très rapidement un bloc défensif sûr en cas d’attaque, une seule chose est sûre : le chantier bat son plein en 1250-1251. En témoigne, un livre de comptes conservé aux Archives départementales du Gard qui recense toutes les dépenses effectuées en un an, notamment pour l’embauche de la main d’œuvre. Au total, quelques 150 à 200 personnes se relaient sur le chantier, parmi lesquels un maître d’œuvre, des tailleurs de pierre, des maçons, des charpentiers, des plâtriers, des forgerons, des muletiers, etc. Une main d’œuvre souvent très qualifiée et venant parfois de l’autre bout de la France. Le livre de comptes évoque également les dépenses liées à l’importation de matériaux (bois, métaux, tuiles, plâtre, etc.). La pierre, elle, est extraite sur place, comme en attestent les traces de carrières sur le site, particulièrement visibles sur le roc Sant-Jordi.

FILS DE CARCASSONNE

Ainsi fortifié et commandé depuis la sénéchaussée de Carcassonne, Peyrepertuse intègre en 1258 le réseau des châteaux sentinelles de montagne chargés de protéger la nouvelle frontière avec le royaume d’Aragon, fixée au sud des Corbières par le traité de Corbeil. Avec Aguilar, Puilaurens, Quéribus et Termes, la forteresse royale de Peyrepertuse figure désormais au rang des « cinq fils de Carcassonne ».

Dans les années 1258-1260, la garnison s’élève à un châtelain, neuf sergents d’armes et un chapelain. En 1302, les effectifs augmentent sensiblement : outre le châtelain et le chapelain, les documents dénombrent 21 sergents, un portier, un guetteur et même des chiens, de gros mâtins que l’on dressait pour la surveillance et qui étaient probablement lâchés la nuit pour donner l’alerte en cas d’incursion étrangère.

UN NAVIRE EN EAUX CALMES

Devenue l’un des maillons les plus puissants du système défensif royal, l’imposant vaisseau de pierre de Peyrepertuse ne sera pourtant jamais assiégé. En 1528, sa garnison est toutefois augmentée d’une trentaine d’hommes en prévision de troubles sur la frontière, sans conséquence. Peyrepertuse perd de son importance dès la seconde moitié du XVIe siècle et son entretien en souffre. En 1597, les États de Languedoc prient « le roi de faire réparer les châteaux de Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens et Termes situés sur la frontière d’Espagne qui tomboient en ruine ». En état de semi-abandon, le site semble ne pas avoir eu de rôle militaire pendant la conquête du Roussillon par Louis XIII. Avec le traité des Pyrénées signé en 1659 et le déplacement de la frontière au sud du Roussillon, le château de Peyrepertuse perd tout intérêt pour le roi de France. Peyrepertuse ne reprend de l’importance que très provisoirement en 1793, lorsque les troupes espagnoles menacent les armées révolutionnaires. Le 24 avril 1793, l’assemblée du district de Lagrasse déclare que « dans le district de Lagrasse, on compte trois forteresses de Quéribus, Pierrepertuse et Viala (Aguilar) […] et qu’il seroit très essentiel de mettre en état de défense afin d’empêcher que les Espagnols ne pénétrassent dans le district de Lagrasse ». Pour cela, l’ingénieur Champagne doit se rendre en mission à Perpignan, mais la bataille de Peyrestortes en septembre 1793 écarte tout danger et le projet est abandonné. Nationalisé à la Révolution, le château de Peyrepertuse est acheté en 1820 par Joseph Séguy et Jean-Paul Burjade, habitants de Duilhac, et reste à l’abandon jusqu’à son acquisition par la commune de Duilhac à la fin du XIXe siècle.

DESCRIPTION DU SITE

Telle qu’elle apparaît aujourd’hui, le château de Peyrepertuse date essentiellement de sa reconstruction par Saint Louis au XIIIe siècle et témoigne de l’application, sur une longue crête rocheuse, des nouvelles techniques défensives du modèle philippien. L’enceinte basse conserve toutefois plusieurs éléments du château primitif, comme l’église Sainte-Marie et le logis, qui composent ce qu’on appelle aujourd’hui le « donjon vieux ». Quelques réaménagements survenus au cours des XVe-XVIIe siècles ont également été identifiés.

L’ENCEINTE BASSE ET LE « DONJON VIEUX »

Épousant entièrement le relief de la crête, l’enceinte basse a la forme d’un triangle très allongé. Côté nord, la muraille est exceptionnellement bien conservée. Elle s’étire sans interruption sur 120 m de long, flanquée de deux tours semi-circulaires ouvertes à la gorge et surmontée d’un Chemin de ronde reconstitué dans les années 1990 à l’aide des dalles retrouvées sur le sol. Elle se termine à l’est par une tour de plan triangulaire formant un éperon. Véritable proue lancée vers le large, cet éperon destiné à renforcer la paroi confère à la forteresse son allure de navire. Sa terrasse sommitale ménage une vue aérienne sur les environs, avec Duilhac au premier plan, puis Quéribus, la tour de Tautavel, la plaine du Roussillon et enfin la Méditerranée.

Sur le front sud, entre l’éperon et le « donjon vieux », une Poterne s’ouvre dans les vestiges de la muraille. Protégée de l’extérieur par une aiguille rocheuse, cette petite porte permettait de fuir discrètement le château en cas de besoin. Une sortie quelque peu acrobatique certes, mais rendue possible à l’aide de cordes et d’échelles.

On longe ensuite quelques bâtiments d’habitation, où les vestiges d’un évier attestent d’un certain niveau de confort.

Parfaitement conservé, le « donjon vieux » est l’ensemble fortifié formé par l’église Sainte-Marie et le logis. Édifiées à l’époque féodale, ces deux constructions parallèles furent réaménagées sous l’autorité du roi Saint Louis, renforcées par d’épais murs crénelés et des contreforts. Accessible par une petite porte surmontée d’un Assommoir, le logis, de plan quadrangulaire, est cantonné à l’est par une Tour semi-circulaire et à l’ouest par une tour cylindrique abritant une citerne. L’église, de facture romane, dégage un charme indéniable avec sa longue nef à ciel ouvert et son abside voûtée en cul-de-four. Dégagé lors de fouilles récentes, l’autel y a retrouvé sa place.

L’ENCEINTE MÉDIANE

L’enceinte médiane est construite sur une plate-forme inclinée du sud vers le nord. Les murailles épousent étroitement les bords déchiquetés de l’abîme, du côté nord. Elles sont munies, ça et là, de meurtrières pour armes à feu, réadaptation tardive de la forteresse. Au-dessous du sentier d’accès au donjon Sant-Jordi se dressent les vestiges d’un important bâtiment de plan polygonal dominant les courtines, qui servait probablement de lieu de stockage, idéalement situé à mi-chemin entre le « donjon vieux » et le donjon Sant-Jordi.

LE DONJON SANT-JORDI

On accède au donjon Sant-Jordi par un vertigineux escalier taillé dans le roc vif, que la tradition nomme l’escalier de Saint Louis, en hommage au souverain qui en commanda la construction en 1242.

De facture entièrement royale, le donjon Sant-Jordi est conçu comme un château autonome, qui devait à la fois permettre d’assurer la défense de l’enceinte basse et du « donjon vieux », de prévenir une attaque venue du nord, tout en symbolisant la superbe de l’autorité capétienne. Une architecture puissante et millimétrée, typique du modèle philippien.

Derrière l’imposante muraille qui barre le sommet du site, flanquée d’une tour semi-circulaire, se trouvent les vestiges de plusieurs bâtiments en appentis, qui, bien que ruinés, respirent qualité et confort. En atteste notamment la présence d’une fenêtre à Coussiège, d’une citerne et les traces de cheminée et de four.

À l’est, un ensemble de deux tours, aujourd’hui arasées, conserve au nord une seconde citerne et au sud une chapelle dédiée à saint Georges. De là s’ouvre un extraordinaire panorama sur l’enceinte basse et les environs.

À l’arrière du donjon, côté sud, le sommet du roc Sant-Jordi laisse apparaître les traces d’une carrière. On distingue bien les lignes de taille et quelques encoches faites par les carriers pour extraire les blocs.

LE CHÂTEAU DE PEYREPERTUSE EN IMAGES

Château de Peyrepertuse

8 chemin du Fort

11 350 Duilhac-sous-Peyrepertuse

Tél. 04 30 37 00 77

Fax 04 68 45 24 05

www.peyrepertuse.com

Janvier 10h à 16h30
Février 10h à 17h
Mars 10h à 18h
Avril-Mai-Juin 9h à 19h
Juillet-Août 9h à 20h
Septembre 9h à 19h
Octobre 10h à 18h
Novembre 10h à 17h
Décembre 10h à 16h30

Adulte plein tarif : 8 €
Adulte réduit * : 7 €
Groupe adulte (dès 20 personnes) : 6 €
Enfant de 6 à 12 ans : 4,50 €
Enfant de moins de 6 ans : gratuit
Groupe forfait visite commentée *** : 55 €

Audio guide (un loué, un deuxième offert) : 4 €

* Le tarif réduit s’applique sur présentation obligatoire d’un justificatif en cours de validité aux personnes suivantes : détenteur du passeport des sites du Pays Cathare, étudiants, familles nombreuses, personnes de + de 70 ans, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap avec une carte à validité permanente.

** Uniquement avec le passeport des sites « Pays Cathare »

*** Les visites commentées sont disponibles uniquement pour les groupes et sur réservation en envoyant un mail à info@peyrepertuse.com