LA CITÉ MÉDIÉVALE DE CARCASSONNE
Constituée du château comtal et de deux enceintes intérieure et extérieure, soit au total 52 tours, la Cité de Carcassonne est au XIIIe siècle l’élément central du système défensif conçu par Philippe Auguste et ses successeurs.
SITUATION PAYSAGÈRE ACTUELLE
Au premier regard, le paysage de la Cité de Carcassonne peut sembler totalement différent des reliefs spectaculaires des forteresses montagnardes : on est ici en bordure du bassin de l’Aude, dans les coteaux modelés par les dépôts sédimentaires de l’ère tertiaire (la fameuse « molasse »), au cœur d’un environnement viticole et périurbain. Mais le site réunit des caractéristiques similaires : bâtie à 150 m d’altitude sur une butte de grès – le « grès de Carcassonne », qui a fourni le matériau pour les constructions –, la ville fortifiée domine le fleuve et s’avance au-dessus de la plaine. De quelque côté qu’on l’aborde, la puissance des remparts surplombe le visiteur, et il faut nécessairement monter pour atteindre la Cité.
Une fois sur les fortifications, au fil du cheminement, la vue se déploie vers la Montagne Noire, le Lauragais et les Corbières, et au-delà vers les Pyrénées. Enchâssée dans la géologie locale et dominant son territoire, la Cité de Carcassonne est à la fois une forteresse perchée et le modèle parfait de la ville médiévale.
HISTOIRE
Juchée sur une butte de grès au-dessus du cours de l’Aude, surveillant la plaine entre Montagne Noire et Pyrénées, la Cité de Carcassonne fut longtemps convoitée pour sa position stratégique sur le passage de la Méditerranée à l’Atlantique. Jusqu’à devenir la pièce maîtresse du dispositif défensif conçu au XIIIe siècle par Philippe Auguste et ses successeurs pour asseoir le pouvoir royal sur la région et contrôler la frontière avec le royaume d’Aragon.
Le promontoire sur lequel se dresse l’actuelle Cité de Carcassonne fut occupé très tôt, dès le VIe siècle av. J.-C., mais il faut attendre la conquête romaine, en 118 av. J.-C., pour que l’agglomération primitive se développe en contrebas, au nord de la colline. Vers 27 av. J.-C., la ville figure dans la liste des vingt cités de la Narbonnaise mentionnée par Pline l’Ancien dans son Historia naturalis. La colonie Julia Carcaso s’étend sur la partie occidentale du bassin audois. Moins importante que ses deux voisines, Narbonne et Toulouse, Carcassonne est toutefois un centre de vie actif durant les débuts de l’empire romain. Dans la seconde moitié du IIIe siècle et au IVe siècle, l’insécurité est telle que la ville s’abrite derrière une puissante enceinte de 1 200 m, devenant de ce fait, un castellum. Les vestiges de cette fortification antique sont encore visibles sur les deux tiers du rempart intérieur, reconnaissables à leurs rangées de briques.
Dans le premier quart du Ve siècle, les Wisigoths font la conquête du sud de la Gaule et d’une grande partie de la péninsule ibérique. Carcassonne devient une des cités de la Septimanie wisigothique. Le royaume wisigoth s’effondre sous la poussée des Francs dès le début du VIe siècle. En 508, Clovis assiège sans succès Carcassonne qui devient dès lors la place forte principale de la marche frontière entre les deux royaumes. Au VIIIe siècle, l’invasion sarrasine met fin au royaume wisigoth d’Espagne. Les Arabes sont définitivement chassés de Septimanie par les souverains carolingiens à la fin du VIIIe et au début du IXe siècle.
Carcassonne est siège épiscopal depuis le VIe siècle. La première mention de l’église cathédrale, dédiée aux saints Nazaire et Celse, date de 925. La ville commence progressivement à s’étendre extra muros et un bourg Saint-Michel est mentionné aux alentours de l’an mil.
Aux XIe-XIIe siècles, Carcassonne se développe sous la domination des vicomtes Trencavel. Grâce à ses alliances matrimoniales et à une politique adroite, jouant habilement de la rivalité des deux grandes principautés voisines de Toulouse et Barcelone, cette famille gouverne les vicomtés d’Albi, de Carcassonne et de Béziers. En 1096 débute la construction de la cathédrale romane, tandis que l’édification du château vicomtal peut être datée du deuxième quart du XIIe siècle.
En 1208, le pape Innocent III, inquiet de l’influence grandissante de l’hérésie cathare, appelle à la croisade. Au printemps 1209, la croisade des Barons s’ébranle vers le sud. En août, les croisés assiègent Carcassonne qui capitule au bout de quinze jours. Nommé vicomte de Carcassonne, Simon de Montfort poursuit la croisade jusqu’à sa mort en 1218 lors du siège de Toulouse. La vicomté est définitivement annexée au domaine royal en 1226, à la suite de la croisade royale.
Carcassonne devient alors le siège du pouvoir administratif et militaire, appelé sénéchaussée. Dès 1228, de grands travaux sont entrepris pour améliorer le système défensif : construction d’une ceinture fortifiée autour du château, édification d’une deuxième enceinte urbaine précédée d’un fossé sec et aménagement de lices entre les deux lignes de fortification.
En septembre 1240, Raymond Trencavel II tente de reprendre possession de la Cité et l’assiège. Il bénéficie de la complicité des faubourgs qui la bordent. Il bat en retraite un mois plus tard : en 1244, le roi Louis IX fait entièrement raser les faubourgs Saint-Michel et Saint-Vincent, pour les punir de leur rébellion. Une deuxième campagne de fortification est alors entreprise : remise en état des éléments d’enceinte détruits, renforcement du front oriental, construction de la tour de la Vade. En 1248, Louis IX autorise les habitants des faubourgs détruits à revenir et les installe définitivement sur la rive gauche de l’Aude, créant une ville nouvelle, une bastide.
À la fin du XIIIe siècle, sous les règnes de Philippe III le Hardi et de Philippe IV le Bel, les fortifications de la Cité sont modernisées et une bonne part de l’enceinte intérieure est reprise selon les progrès techniques de l’architecture militaire.
Dès lors, Carcassonne est une place forte hors du commun, servie par une garnison permanente et un armement conséquent. Son architecture militaire novatrice sert de modèle sur tout le territoire et notamment dans la construction des châteaux sentinelles de montagne, édifiés après 1258 en moins d’un demi-siècle sur ordre du roi et du sénéchal de Carcassonne.
Le sénéchal a la charge de nommer les châtelains à la tête des garnisons, de veiller à leur approvisionnement, de leur fournir l’armement et les équipements militaires nécessaires.
Centre politique, administratif et militaire, la Cité devient donc la base logistique de cet imposant dispositif de défense frontalier, annonçant ainsi l’émergence d’un État centralisé en France. La puissance et la force de dissuasion de la Cité sont telles que les actes royaux la mentionnent comme la « clé » du Languedoc et qu’elle ne fait pas l’objet d’attaques au cours de la guerre de Cent ans. En 1355, le Prince Noir, lors de sa chevauchée, incendie la bastide mais renonce à assiéger la Cité.
De 1472 à 1659, date de la signature du traité des Pyrénées, la Cité conserve encore son rôle de place forte, sur une frontière méridionale peu sûre. Mais elle a tendance à se dépeupler au profit de la bastide, centre de la vie économique de la région. Le roi, pour des raisons financières, vend une partie de ses terrains domaniaux et des maisons commencent à s’installer dans les lices.
Après la signature du traité des Pyrénées en 1659, qui entérine l’annexion du Roussillon par la France et le déplacement de la frontière franco-aragonaise, la Cité perd le rôle éminent qu’elle jouait jusque-là dans le dispositif royal de contrôle de la frontière. Son déclin est inexorable et, peu à peu, tous les pouvoirs (judiciaire, religieux, etc.) sont transférés vers la bastide devenue une ville florissante grâce à l’industrie et au commerce du drap.
Ayant perdu son statut de place forte militaire, la Cité de Carcassonne est menacée de destruction : les fortifications sont remises à l’administration des Domaines qui commence à les vendre comme matériaux de construction. La Cité est classée monument historique en 1849 et sa restauration est confiée à l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Les travaux débutent sous sa responsabilité en 1853 et se poursuivront, après sa mort en 1879, jusqu’en 1910. Eugène Viollet-le-Duc s’appuie, pour ses restaurations, sur les techniques médiévales de construction du XIIIe siècle, qu’il a minutieusement analysées. C’est cette restauration exemplaire qui vaudra à la Cité de Carcassonne sa première inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1997.
La première moitié du XXe siècle voit le début de la fréquentation touristique du lieu qui n’a cessé de croître depuis.
DESCRIPTION DU SITE
Telle qu’elle apparaît aujourd’hui, entièrement restaurée par Viollet-le-Duc au 19e s., la Cité médiévale de Carcassonne s’impose comme l’archétype parfait du système défensif conçu par le roi Philippe Auguste au XIIIe siècle. Une architecture royale, de proclamation, faite pour impressionner et dissuader l’ennemi, mais aussi pour écraser d’une masse symbolique toute tentative de rébellion parmi ces nouvelles populations soumises au royaume de France à la suite des croisades. Avec son château comtal fortifié, sa double enceinte totalisant près de 3 km de remparts, ses 52 tours, ses 1 300 Archères, ses quatre entrées précédées de barbacanes, ses assommoirs ou ses Hourds parfaitement restaurés, la Cité constitue un extraordinaire modèle de défense active, dont les techniques innovantes furent reprises pour la construction des châteaux sentinelles de montagne. La visite de Carcassonne offre donc un éclairage indispensable pour bien comprendre la cohésion architecturale des huit sites candidats à l’Unesco et mieux appréhender la valeur universelle exceptionnelle portée par ce projet d’inscription au patrimoine de l’humanité.
Les fortifications de la Cité sont constituées actuellement de trois ensembles concentriques, datant majoritairement du XIIIe siècle :
LE CHÂTEAU COMTAL
Situé dans la partie ouest de la Cité, où il forme une partie de l’enceinte intérieure, est entouré d’une muraille quadrangulaire de près de 3 m d’épaisseur, flanquée de tours semi-circulaires, qui protège deux cours intérieures (la cour d’Honneur et la cour du Midi), deux logis, deux tours maîtresses et une chapelle aujourd’hui disparue. Les bâtiments intérieurs, réadaptés à la nouvelle conception défensive, sont accessibles par une porte monumentale à tours jumelles, précédée d’une Barbacane et d’un fossé. Complètement réaménagé, l’ancien palais vicomtal devient à lui seul au XIIIe siècle une véritable forteresse, avec ses hauts murs couronnés de hourds. Ces balcons de bois accueillaient les défenseurs et leur permettaient de multiplier les angles de tirs, avec notamment une vue imparable et verticale sur les remparts. Construits en bois, ils étaient facilement démontables et pouvaient être protégés par des peaux de bêtes humides et des tuiles afin d’éviter les dégâts des flèches incendiaires.
L’ENCEINTE INTÉRIEURE
Ancienne défense, a été ingénieusement réadaptée au XIIIe siècle, s’appuyant sur les restes des murailles et des tours romaines, dont on peut encore voir les vestiges en de nombreux endroits (rangées de briques, réemploi des tuiles). Deux parties du tracé, au nord et au sud de l’ensemble, ont été modifiées afin d’en accentuer la fonction d’éperon, et certaines tours ont été reconstruites. Vers la fin du siècle (autour de 1270-1287), la défense a été considérablement améliorée par la construction de puissantes portes, comme la Porte Narbonnaise, véritable châtelet à tours jumelles, ou la porte Saint-Nazaire à accès coudé, au sud. Parmi les autres tours et sections d’enceinte, signalons également la tour de Balthazar et la tour carrée de l’Evêque, parées de pierres à Bossage, typiques de l’architecture philippienne.
L'ENCEINTE EXTÉRIEURE
Construite très rapidement au XIIIe siècle, assure une meilleure défense de la Cité en doublant la précédente, jugée insuffisante. D’un périmètre de 1 672 m, la muraille est flanquée de tours circulaires ou semi-circulaires, le plus souvent « ouvertes à la gorge » afin d’éviter que l’ennemi ne puisse s’y retrancher en cas de franchissement de cette première ligne de fortification. Dans un même soucis de protection des lignes de défenses, cette première enceinte est plus basse que la seconde, laissant l’ennemi totalement vulnérable face aux tirs des défenseurs postés au-dessus de lui sur les murs et tours de l’enceinte intérieure. C’est enfin sur cette première ligne de fortification que sont édifiées les quatre barbacanes protégeant les quatre portes, dont la principale, celle de l’ouest, a aujourd’hui disparu.
LES LICES
L’enceinte intérieure et l’enceinte extérieure sont séparées par des lices, espace dégagé et à ciel ouvert qui permettait de piéger l’ennemi et qui était probablement à l’origine fractionné de murs transversaux afin de ralentir encore plus la progression des attaquants.
Centre des monuments nationaux
Château et remparts de la cité de Carcassonne
1 rue Viollet-le-Duc
11 000 Carcassonne
Tél. 04 68 11 70 70
Fax 04 68 11 12 27
DU 2 JANVIER AU 31 MARS
Ouvert tous les jours
9h30-17h
DU 1ER AVRIL AU 30 SEPTEMBRE
Ouvert tous les jours
10h-18h30
DU 1ER OCTOBRE AU 31 DÉCEMBRE
Ouvert tous les jours
9h30-17h
D’octobre à mars : dernier accès 30 min. avant la fermeture.
D’avril à septembre : dernier accès 45 min. avant la fermeture.
Les remparts ferment 30 minutes avant la fermeture et les consignes 15 minutes.
FERMETURES
Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, et le 25 décembre.
Le 14 juillet, en raison du feu d’artifice, les deux remparts sont fermés à la visite par mesure de sécurité.
Plein tarif : 9 €
Tarif réduit : 7 €
Tarif groupe (à partir de 20 pers.) : 7 €/pers.
Tarif groupe scolaire : 30 €
Gratuit : moins de 18 ans (en famille et hors groupes scolaires) ; 18-25 ans (ressortissants de l’Union européenne et résidents réguliers non-européens sur le territoire de l’Union européenne) ; personne handicapée et son accompagnateur ; demandeur d’emploi (sur présentation d’une attestation de moins de 6 mois) ; carte Culture ; carte ICOM.
BON PLAN – 1er DIMANCHE DU MOIS (DE NOVEMBRE à MARS)
Gratuit pour tous.
VISITE-CONFÉRENCE (2H)
Plein tarif : 12,50€
Tarif réduit : 18- 25 ans : 9 € / Public spécifique : 4 €
AUDIOGUIDE
Visite audioguidée (durée 1h30) disponible en français, catalan, anglais, allemand, italien, espagnol et russe.
Audioguide pour les familles sur la vie des Trencavel (en français).
Plein tarif : 4,50 € / 6 € pour deux casques / groupes (min 20 personnes) : 3 €
PARTENARIAT SNCF/INTERCITÉS
Tarif réduit sur présentation du titre SNCF Intercités à destination de Paris.